Damas

Alliance parfaite entre l'esthétisme et l'efficacité, les aciers feuilletés dit en Damas fascinent depuis les débuts de la métallurgie.
C’est en soudant au feu des aciers différents, mais aux caractéristiques assez proches que l’on obtient ces motifs aux vagues ensorcelantes
Lors de la « Révélation », certains aciers ressortent noir, d’autre gris, d’autre argenté. C’est au forgeron qu’il incombe de plier la matière vers le motif désiré. Chaque lame est unique car l’acier a aussi sa vie propre sous le marteau. Chaque pliage est une épreuve et un condensé d'expertise, de maitrise et de chance. Un feuilletage n'est jamais simple et une rigueur extrême est nécessaire pour parvenir à l'esthétisme souhaité
Le damas se forge à la main avec maitrise, précision, et un peu de chance ! J'utilise des aciers carbones tel que le 90mcv8, l'xc100, le 15n20 et l'xc75. Chacun ressortant soit noir, soit gris foncé, soit gris clair, soit argenté. On peut aussi y rajouter du nickel pur pour plus de contraste.



SOUDURE
C'est l'association de ces nuances qui donne au damas son motif et son design. Le feuilletage peut être d'une complexité extrême ou un simple et élégant empilement. C'est à chacun de faire son choix !



Lorsque la trousse (empilement de départ) est réalisée, il faut procéder à la première chauffe. Pour cella on préfèrera la forge à gaz, car plus pratique pour bien discerner les température. La forge à charbon fonctionne aussi très bien, et l'Humanité a réalisé des chef d'œuvre avec du "simple" charbon de bois :). Il faut juste un peu plus de maîtrise.
Dès que l'acier est à température de soudure, on doit sortir la trousse et la marteler afin de fusionner les empilements. Pour faciliter la soudure on dépose un fondant sur la pièce. Ce fondant (souvent du Borax) permet d'abaisser le point de soudure, empêche l'oxydation, et chasse les impuretés. Il est cependant très corrosif quand il fond, donc protections obligatoires !
PLIAGE
Le feuilletage est l'étape essentielle pour le damas. Chaque pliage va doubler son nombre de couches.



De plus en fonction du sens du pliage, le motif final se précise. Le nombre de couche n'a pas de limite, tant qu'il y a de la matière, nous pouvons plier. Quand au motif, c'est l'imagination et le talent qui le font naître. Chaque pliage est un peu plus technique que le précédent. La matière devient plus résistante à cause du nombre de couche et la superposition des extrémités est dès fois un peu complexe à gérer.
FORGE & MISE EN FORME
Dès que les pliages et soudures (entre 4 et 5, ) ont été réalisés, il faut ensuite passer à l'étirage. C'est là que commence l'étape de forge de la lame finale. On utilise de lourdes masses, des dégorgeoir ainsi que des chasses pour donner sa forme précise au couteau. Préférer La forge à l'usinage permet de perdre le moins de matière possible.



En plus d'éviter d'usiner trop la lame, l'étape de forgeage permet d'allonger la matière et de modifier le motif du feuilletage. En effet, le sens du martelage ainsi que sa profondeur aura une grande incidence sur le sens des couches et le rendu final. Il faut de la maîtrise et de la technique pour bien anticiper ce que l'on veut faire et obtenir comme motif.
USINAGE
Après les étapes de forgeage, vient celle de l'ajustage. Fraiseuse, backstand, touret, lime, tout peut être mis en œuvre pour réussir à atteindre la forme de lame souhaitée. On usine la lame au plus prêt de ses proportions finales



L'usinage n'est pas forcement l'étape la plus palpitante mais elle est cruciale. Elle permet de vraiment faire apparaitre le couteau souhaité. A partir d'un morceau martelé, même le plus précisément possible, il y aura toujours de l'usinage. Ne serait ce que pour enlever la croute d'acier extérieur (calamine) résultante du martelage. Les angles sont à corriger, les lignes générales sont à finaliser et on désépaissi le tranchant. Cela permet aussi de "voir" si toutes les soudures on bien été faites.
TREMPE & FINITIONS
Lorsque toute la mise en forme est terminée, il faut passer aux traitements thermiques (Recuit, normalisations, trempe, revenue) et à la révélation.



Le polissage se fait manuellement, c'est la solution la plus sûr pour ne pas oublier de rayure, ne pas chauffer sa lame et commencer l'affutage. Si cette étape est bien réalisée, la lame ressort à la limite de l'affutage rasoir. A la suite du polissage on va plonger la lame dans un bain acide qui laissera apparaitre ses merveilleux contrastes. C'est cette étape que l'on appelle la Révélation. Car c'est à ce moment que ce révèle tout le travail du forgeron. Le motif final est alors entièrement visible et c'est une sacré fierté pour l'artisan de contempler son œuvre après autant de travail.
MONTAGE DU MANCHE
Maintenant que la partie "acier" est terminée il faut habiller ce damas et lui donner un manche. A partir de là, il n'y a que votre imagination qui vous limite. Toutes les matières peuvent servir pour réaliser un manche de couteau.



NOTA : Et prenez garde aux copies "peu chères" qui inondent le web. Un damas ne vaudra jamais quelques dizaines d'euros.
Il y a des journées de travail derrière chaque feuilletage. Ce que l'on trouve à des coûts attractifs est très souvent de très mauvaise qualité et importé de pays où la misère est le maitre mot du travail.